Catholic Culture Overview
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Texts without Comment for Chapter Four

by Jacques Maritain

Description

Texts without comment for Chapter Four of Creative Intuition in Art and Poetry.

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Creative Intuition in Art and Poetry

Publisher & Date

Bollingen Foundation Inc., 1953

I

1. Shelley, in A Defence of Poetry:

Poetry defeats the curse which binds us to be subjected to the accident of surrounding impressions. And whether it spreads its own figured curtain, or withdraws life's dark veil from before the scene of things, it equally creates for us a being within our being. . . . It creates anew the universe, after it has been annihilated in our minds by the recurrence of impressions blunted by reiteration.

2. Thomas de Quincey, in The Poetry of Pope:

The Scriptures themselves never condescended to deal by suggestion or co-operation with the mere discursive understanding; when speaking of man in his intellectual capacity, the Scriptures speak not of the understanding, but of "the understanding heart"—making the heart, i.e., the great intuitive (or non-discursive) organ, to be the interchangeable formula for man in his highest state of capacity for the infinite.

3. Emerson, in The Poet:

The poet has a new thought; he has a whole new experience to unfold; he will tell us how it was with him, and all men will be the richer in his fortune. For the experience of each new age requires a new confession, and the world seems always waiting for its poet. . .

We are symbols and inhabit symbols; workmen, work, and tools, words and things, birth and death, all are emblems; but we sympathize with the symbols, and being infatuated with the economical use of things, we do not know that they are thoughts. The poet, by an ulterior intellectual perception, gives them a power which makes their old use forgotten, and puts eyes and a tongue into every dumb and inanimate object. . . . As the eyes of Lyncaeus were said to see through the earth, so the poet turns the world to glass, and shows us all things in their right series and procession. For through that better perception he stands one step nearer to things, and sees the flowing or metamorphosis. . . .

4. Paul Claudel, in La Muse qui est la Grâce:a

Et cependant quand to m'appelles ce n'est pas avec moi seulement qu'il faut répondre, mais avec tons les titres qui m'entourent,
Un poème tout entier comme un seul mot tel qu'une cité dans son enceinte pareille au rond de la bouche.
Comme jadis le magistrat accomplissait le sacrifice du bœuf, du porc et du mouton,
Et moi c'est le monde tout entier qu'il me faut conduire à sa fin avec une hécatombe de paroles!
Je ne trouve ma nécessité qu'en toi que je ne vois point et toutes choses me sont nécessaires en toi que je ne vois point,
Elles ne sont pas faites pour moi, leur ordre n'est pas avec moi, mais avec la parole qui les a créées.
Tu le veux! it faut me donner enfin! et pour cela it faut me retrouver
En tout, qui de toutes choses latent suis le sign et la parcelle et l’hostie.
Qu'exiges-tu de moi? est-ce qu'il me faut créer le monde pour le comprendre? Est-ce qu'il me faut engendrer le monde et le faire sortir de mes entrailles?

Ainsi je travaille et ne saurai point ce que j'ai fait, ainsi resprit avec un spasme mortel
Jette la parole hors de lui comme une source qui ne connaît point
Autre chose que sa pression et le poids du ciel.

II

5. St. John of the Cross, in Canciones entre el Alma y el Esposo (Cantico Espiritual):

VII
Y todos cuantos vagan,
De ti me van mil gracias refiriendo, Y todos más me llagan,
Y déjame muriendo
Un no sé qué quedan balbuciendo.

XXXVI
Gocémonos, Amado,
Y vámonos a ver en to hermosura Al monde o al collado,
Do mana el agua pura,
Entremos más adentro en la espesura.

XXXVII
Y luego a las subidas
Cavernas de la piedra nos iremos,
Que están bien escondidas,
Y allí nos entraremos,
Y el mosto de granadas gustaremos.

XXXVIII
Allí me mostrarias
Aquello que mi alma pretendía
Y luego me darias
Allí tú, vída
Aquello que me diste el otro día.

XXXIX
El aspirar del aire,
El canto de la dulce filomena,
El soto y su donaire,
En la noche serena
Con llama que consume y no da pena.

XL
Que nadie lo miraba,
Aminadab tampoco parecia,
Y el cerco sosegaba,
Y la caballeria
A vista de las aquas descendía.

(VII
Tous ceux qui s'occupent en vous,
Me vont racontans mine graces
Et tant plus me blessent de coups:
Car icy leurs langues trop basses
Bégayent un je ne sçay quoy,
Qui me tue et me met hors de moy.

XXXVI
Sus allons Amy pour nous voir,
Et pour considérer nos faces,
En vos beautez, ce clair miroir,
Où l’on découvre toutes graces:
Au mont d'ou l'eau plus pure sourd,
Au bois plus espais et plus sourd.

XXXVII
Aussi-tost nous nous en irons
Gaigner les grottes de la pierre,
Les plus hautes des environs,
Et plus secrettes de la terre.
Nous entrerons dans ces celliers
Beuvans le moust des grenadiers.

XXXVIII
En ce lieu vous me monstrerez,
Tout ce que prétendoit mon ame.
O vie! vous me donnerez
Ce pourquoy mon coeur vous réclame;
Et que desja d'un pur amour
Vous me donnastes l'autre jour.

XXXIX
Les Zéphirs, et la douce voix
De l'agréable Philomele,
L'honneur et la beauté des bois,
En la nuict plus calme et plus belle,
La flamme qui va consommant,
Et ne donne point de tourment.

XL
Car pas un ne le regardoit,
Aminadab n'osoit paroistre:
Le grand calme que l'on gardoit
Au siege se faisoit paroistre:
Les trouppes avec leurs chevaux,
Descendoient à l'aspect des eaux.)b

6. Gerard Manley Hopkins, Carrion Comfort:c

Not, I'll not, carrion comfort, Despair, not feast on thee;
Not untwist—slack they may be—these last strands of man
In me or, most weary, most weary, cry I can no more. I can;
Can something. hone. wish day come, not choose not to be.
But ah, but O thou terrible, why wouldst thou rude on me
Thy wring-world right foot rock? lay a lionlimb against me? scan
With darksome devouring eyes my bruisèd bones? and fan,
O in turns of tempest, me heaped there; me frantic to avoid thee
and flee?

Why? That my chaff might fly; my grain lie, sheer and clear.
Nay in all that toil, that coil, since (seems) I kissed the rod,
Hand rather, my heart lo! lapped strength, stole joy, would laugh,
chéer.
Cheer whom though? the hero whose heaven-handling flung me, foot trod
Me? or me that fought him? O which one? is it each one? That night, that year
Of now done darkness I wretch lay wrestling with (my God!) my God.

7. Jules Supervielle, Les chevaux du temps:d

Quand les chevaux du Temps s'arrêtent à ma porte
J'hésite un peu toujours à les regarder boire
Puisque c'est de mon sang qu'ils étanchent leur soif.
Its tournent vers ma face un œil reconnaissant
Pendant que leurs longs traits m'emplissent de faiblesse
Et me laissent si las, si seul et décevant
Qu'une nuit passagère envahit mes paupières
Et qu'il me faut soudain ref aire en moi des forces
Pour qu'un jour où viendrait l'attelage assoiffé
Je puisse encore vivre et les désaltérer.

8. Emily Dickinson, The Chariot:e

Because I could not stop for Death
He kindly stopped for me;
The carriage held but just ourselves
And Immortality.

We slowly drove, he knew no haste,
And I had put away
My labor, and my leisure too,
For his civility.

We passed the sohool where children played,
Their lessons scarcely done;
We passed the fields of gazing grain,
We passed the setting sun.

We paused before a house that seemed
A swelling of the ground;
The roof was scarcely visible,
The cornice but a mound.

Since then 'tis centuries; but each
Feels shorter than the day
I first surmised the horses' heads
Were toward eternity.

9. Pierre Reverdy, Le Cœur ecartele:f

Il se ménage tellement
Il a si peur des couvertures
Les oouvertures bleues du ciel
Et les oreillers de nuages
Il est mal couvert par sa foi
Il craint tant les pas de travers
Et les rues taillées dans la glace
Il est trop petit pour l'hiver
Il a tellement peur du froid
Il est transparent dans sa glace
Il est si vague qu'il se perd
Le temps le roule sous ses vagues
Parfois son sang coule à l'envers
Et ses larmes tachent le linge
Sa main cueille les arbres verts
Et les bouquets d'algues des plages
Sa foi est un buisson d'épines
Ses mains saignent contre son cœur
Ses yeux ont perdu la lumière Et ses pieds trainent sur la mer
Comme les bras morts des pieuvres Il est perdu dans l'univers
Il se heurte contre les villes
Contre lui-même et ses travers
Priez done pour que le Seigneur Effaoe jusqu'au souvenir
De lui-même dans sa mémoire.

10. Raïssa Maritain, De Profundis:g

Dieu mon Dieu la distanoe entre nous n'est pas tolérable
Montrez-moi le chemin droit et nu et totalement véritable
Le chemin de mon âme à votre esprit sans aucun intermédiaire
De ce que les hommes ont construit entre le ciel et la terre
Je suis pauvre et dépouillée et tout me blesse
Tout est trop dur de ce qui se dit et trop humain pour ma détresse
La douleur m'a ravi mon enfance
Je ne suis plus qu'une ame en deuil de sa joie
Dans la terrible et stricte voie
Ou vita peine l'espérance
Tout juste de quoi lever les yeux vers vous et ma solitude est totale
Et ces ténèbres sont sur moi comme une pierre sacrificielle et tombale
Comment avoir accès auprès de vous par delà les symboles
Et connaitre sans nulle erreur la vérité de votre Parole
Tout ce qui se dit de vous est sacrilège
Et ce que vous-meme avez prononcé par nos
mots un mystère infini le protège
Et pendant que vous vous enveloppez
de toutes ces ombres
Le monde que vous avez fait resplendit de ses étoiles sans nombre
Et le vertige de l'abîme saisit mon ame Et je crie vers vous mon Dieu
Du fond de l'abîme.

III

11. William Blake, Auguries of Innocence:

To see a World in a Grain of Sand,
And a Heaven in a Wild Flower,
Hold Infinity in the palm of your hand,
And Eternity in an hour.
A Robin Redbreast in a Cage
Puts all Heaven in a Rage.

A Skylark wounded in the wing,
A Cherubim does oease to sing.

Joy and Woe are woven fine,
A Clothing for the soul divine;
Under every grief and pine
Runs a joy with silken twine.

Every Morn and every Night
Some are Born to Sweet Delight.
Some are Born to Sweet Delight,
Some are Born to Endless Night.

12. Van Gogh, in a Letter to Theo (Arles, 1888):h

To express hope by some star, the eagerness of a soul by a sunset radiance.

13. Keats, in the Ode to a Nightingale:

Darkling I listen; and, for many a time
I have been half in love with easeful Death,
Call'd him soft names in many a mused rhyme,
To take into the air my quiet breath;
Now more than ever seems it rich to die,
To cease upon the midnight with no pain,
While thou art pouring forth thy soul abroad
In such an ecstasy!
Still wouldst thou sing, and I have ears in vain–
To thy high requiem become a sod.

Forlorn! the very word is like a bell
To toll me back from thee to my sole self!
Adieu! the fancy cannot cheat so well
As she is fam'd to do, deceiving elf.
Adieu! adieu! thy plaintive anthem fades
Past the near meadows, over the still stream,
Up the hill-side; and now 'tis buried deep
In the next valley-glades:
Was it a vision, or a waking dream?
Fled is that music:–Do I wake or sleep?

14. Jules Supervielle, Un Poète: i

Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même
Et j'entraine avec moi plus d'un être vivant.
Ceux qui seront entrés dans mes froides cavernes
Sont-ils sûrs d'en sortir même pour un moment?
J'entasse dans ma nuit, comme un vaisseau qui sombre,
Pêle-mêle, les passagers et les marins.
Et j'éteins la lumière aux yeux, dans les cabins,
Je me fais des amis des grandes profondeurs.

15. Max Jacob, in Devant une colonne blanche d'église:j

Je suis mourant d'avoir compris
Que notre terre n'est d'aucun Prix.

16. George Meredith, Dirge in Woods:k

A wind sways the pines,
And below
Not a breath of wild air;

On the flooring and over the lines
Of the roots here and there.
The pine-tree drops its dead;
They are quiet, as under the sea.
Overhead, overhead
Rushes life in a race,
As the clouds the clouds chase;
And we go,
And we drop like the fruits of the tree, Even we,
Even so.

17. Raïssa Maritain, Le Quatrième Jour:l

J'ai vu la terre en sa beauté native
Elle émergeait de l'océan fleuri
Partout des arbres aux verdures vives
Composaient de clairs paradis

(Ainsi le songe nous emporte
Bien loin de tous les temps connus
Il ouvre ses portes dorées
Sur des spectacles abolis)

Je traversais des espaces immenses
Sans nul effort emportée et ravie
En moi naissaient les rythmes de la danse
Et les voix de la mélodie

Vers moi venaient les bois et les prairies
Et les gazons nommés dans la Genèse
Et les fleuves roulant sans bruit
Et les monts colorés de neige

Un air pensif flottait dans la lumière
Comme un gai visage rêveur
Des chants élevaient leurs vagues légères
Mais invisibles étaient les chanteurs

Sans nul désir et toute amour donnée
Je reposais dans la pleine envolée
De toutes choses vers le Créateur
Dans l'unité se tenait le bonheur

La joie montait—ivresse transparente
Rose de feu dans le souffle du vent
Seul mon coeur était lourd de connaissance
Et du poids de note sang

Des mots nouveaux jaillissaient de mes lèvres
De saveur infinie et de sens éternel
Un hymn intelligible émanait de la terre
Langage d'avant la brisure de Babel

Mais les ondes de la connaissance
Sont venues me frapper en retour
Entre la science et la nescience
L'âme dés désaccordée
Je m'éveillai au sixième jour.

18. John Crowe Ransom, in The Equilibrists:m

In Heaven you have heard no marriage is,
No white flesh tinder to your lecheries,
Your male and female tissue sweetly shaped
Sublimed away, and furious blood escaped.

Great lovers lie in Hell, the stubborn ones
Infatuate of the flesh upon the bones;
Stuprate, they rend each other when they kiss,
The pieces kiss again, no end to this.

But still I watohed them spinning, orbited nice.
Their flames were not more radiant than their ice.
I dug in the quiet earth and wrought the tomb
And made these lines to memorize their doom:—

EPITAPH
Equilibrists lie here; stranger,
tread light;
Close, but untouching in each other's sight;
Mouldered the lips and ashy the tall skull,

Let them lie perilous and beautiful.

19. Leon-Paul Fargue, Postface:n

Un long bras timbré d'or glisse du haut des arbres
Et commence à desoendre et tinte dans les branches.
Les fleurs et les feuilles se pressent et s'entendent.
J'ai vu l'orvet glisser dans la douoeur du soir.
Diane sur l'étang se penche et met son masque.
Un soulier de satin court dans la clairière
Comme un rappel du ciel qui rejoint l'horizon.
Les barques de la nuit sont prêtes à partir.
D'autres viendront s'asseoir sur la chaise de fer.
D'autres verront cela quand je ne serai plus.
La lumière oubliera ceux qui Font tant aimée.
Nul appel ne viendra rallumer nos visages.
Nul sanglot ne fera retentir notre amour.
Nos fenêtres seront éteintes.
Un couple d'étrangers longera la rue grise.
Les voix
D'autres voix chanteront, d'autres yeux pleureront
Dans une maison neuve.
Tout sera consommé, tout sera pardonné,
La peine sera fraiche et la forêt nouvelle,
Et peut-être qu'un jour, pour de nouveaux amis,
Dieu tiendra ce bonheur ou'il nous avait promis.

Notes

a. Grandes Odes (Œuvres complètes, Paris: Gallimard, 1950, Vol. I).

b. French translation by Father Cyprien de la Nativité de la Vierge, Carmelite of the seventeenth century (1605-80). Of this translation Paul Valéry wrote: le propose aux amateurs des beautés de notre langage de considérer désormais run des plus parfaits poètes de France dans le R. P. Cyprien de la Nativité de la Vierge, carme déchaussé, jusqu'ici à peu près inconnu." Preface to Les Cantiques spirituels de saint Jean de la Croix, traduits en vers français par le R. P. Cyprien, Carme chaussé (Paris: Rouart, 1941).

c. In Poems (New York: Oxford University Press, 1948).

d. In Les Amis Inconnus (Paris: Gallimard, 1934).

e. In Complete Poems (Boston: Little, Brown, 1924).

f. In Ferraille (Brussels: Journal des Poètes, 1937); reprinted in Main d'Œuvre (Paris: Mercure de France, 1949 ).

g. In Lettre de Nutt (Paris: Deselée De Brouwer, 1939).

h. Cf. Artists on Art, p. 384.

I. In Les Amis Inconnus.

j. Derniers Pomes (Paris: Gallimard, 1945) .

k. In Poems (New York: Scribner, 1907).

l. In Lettre de Nutt.

m. Selected Poems (New York: Knopf, 1945).

n. In "Banalité"; Sous la Lampe (Paris: N. R. F., 1929).

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